Revue de presse

Reportage. Sur le chantier de l’extension du métro d’Alger

Les travaux pour l’extension tant attendue de la ligne 1 du métro d’Alger ont débuté en 2015. Le chantier mené par Cosider TP mobilise près de 2000 personnes sur les tracés de Aïn Naâdja à Baraki (C1) et d’El Harrach à l’aéroport Houari Boumediene (B1), dont la livraison est prévue respectivement pour fin 2018 et fin 2019.

Pour l’heure, « les délais sont respectés », nous assure Chérif Grira, PDG de la filiale Travaux Publics de Cosider. Sur le terrain, l’entreprise est désormais seule pour la construction de ces deux chantiers. Ingénieurs, techniciens et ouvriers qui composent cet effectif « 100% algérien » travaillent à une cadence soutenue et doivent s’adapter à un milieu urbain chaotique.

Déviation de route et chantiers à proximité des habitations

L’extension Aïn Naâdja-Baraki s’étendra sur six kilomètres et six stations. La base logistique, dont les bureaux en préfabriqués ont été implantés près de la future ligne, s’étend sur deux hectares et concentre tous les services, des achats à la comptabilité. Au total, ce sont plus de 850 personnes qui travaillent sur ce projet à partir des bureaux ou bien sur les chantiers. Sur le terrain, l’effectif se répartit entre les futures stations, les tunnels et les puits de ventilation, construits en simultané.

La forte densité de population propre à l’agglomération algéroise ne facilite pas le travail. « Des fois, on ne trouvait pas assez de place pour réaliser une station donc nous avons dû décaler le tracé tout en restant dans un périmètre urbain. À Alger, l’urbanisation ne s’est pas faite avec une étude appropriée », explique Tahar Medjdoub, directeur de la division ouvrages spéciaux.

Les travaux ont complètement changé le paysage urbain et de nombreuses déviations ont été créées afin de pouvoir implanter les différents chantiers. « On fait un travail de communication auprès de la population, avant et pendant les travaux », poursuit l’ingénieur.

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À Aïn Naadja, le chantier se trouve aux pieds des habitations. « À moins de trois mètres des fondations des bâtiments », ajoute Redouane Belbouab, directeur de projet. Dans ces conditions, communiquer avec les riverains est une nécessité. « Nous sommes à l’écoute de la population afin de limiter les nuisances sonores, surtout la nuit. Nous leur expliquons que le travail en surface est une période transitoire et qu’une fois dans le tunnel, le bruit sera moins important », précise Tahar Medjdoub.

Cela dit, la population est pleinement impliquée. Ces différents chantiers créent des emplois directs et indirects. Gardiennage, manutention et autres postes techniques s’ouvrent aux locaux selon leurs compétences, indiquent les responsables. Les commerces et  restaurants alentours bénéficient également de ces activités.

La jeunesse en force

« Plus de 60% de l’effectif de Cosider a moins de 40 ans », révèle Tahar Medjdoub. Et en effet, sur les chantiers et les bases logistiques, la présence de jeunes travailleurs est notable. Beaucoup d’ingénieurs sortis de l’École nationale polytechnique, l’École nationale des travaux publics ou d’autres universités algériennes accèdent rapidement à d’importantes responsabilités. C’est le cas de Yousri, 32 ans, responsable d’un des puits de ventilation et de Chaâbane, ingénieur responsable de la future station Mohamed Boudiaf. Ce dernier dirige une équipe dont la moyenne d’âge ne dépasse pas les 30 ans, et qui trouve une certaine satisfaction à participer à cet ouvrage.

Introduction de nouvelles techniques pour l’extension El Harrach – Aéroport 

 

Le plus grand tronçon reste celui qui reliera El Harrach à la nouvelle aérogare. Pour cet ouvrage de 9 kilomètres, Cosider introduira pour la première fois un tunnelier, acquis à cette occasion. L’entreprise vise déjà les prochains contrats. « Ce type d’investissements est rentable sur de longs tronçons. Sur cette extension, on l’amortira à 60% mais on se positionne dès maintenant sur les autres projets », indique Chérif Grira, en évoquant les futures lignes qui mèneront vers Chevalley et Cheraga. « Nous sommes la seule entreprise aujourd’hui à réaliser des tunnels », se félicite le PDG, avant d’expliquer que le métro est une des solutions permettant de limiter le trafic qui caractérise la capitale algérienne. La mise en service de la ligne reliant Hai El-Badr vers El Harrach en juillet 2015 a permis d’augmenter le trafic de « plus de 60% avec près de 2 millions de voyageurs par mois », indiquait en octobre, le Directeur général de l’Entreprise du Métro d’Alger (EMA).

Sur la ligne qui devra relier l’aéroport, ce sont actuellement 17 chantiers qui sont en cours. La deuxième base logistique qui s’étendra sur dix hectares à proximité des habitations précaires qui longent Oued d’El Harrach en est à 80% de taux d’achèvement. Une base de vie devra y accueillir les travailleurs dès le mois prochain. « Sur la région d’Alger, on ne trouve pas tous les profils donc on fait aussi appel à la main-d’œuvre d’autres wilayas. Pour l’heure actuelle, nous sommes à 1 150 personnes. Nous arriverons jusqu’à 2 000 employés pour cette ligne », détaille Mahieddine Issaâd, directeur de projet responsable de cette seconde extension.

 

Un seul point pourrait obscurcir le tableau : une éventuelle restriction sur les produits importés, tel que l’acier. « On a peur de passer par une phase de pénurie qui impacterait directement l’avancée du projet. On essaie donc de constituer des stocks de trois mois », dévoilent les responsables. Pour ce faire, la société a aussi engagé de lourds investissements comme la construction de silos destinés au béton.